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| Au coeur de la Tempête | |
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Krieger
Nombre de messages : 7 Age : 43 Localisation : Rimouski pour le moment Date d'inscription : 05/07/2007
| Sujet: Au coeur de la Tempête Lun 16 Juil - 2:01 | |
| Le navire était à la merci des éléments déchaînés ; cables et cordages fouettaient l'air dans une valse chaotique et le bateau lui-même tangait dangereusement.
Au dessus du tumulte s'élevait la clameur d'une dizaine de voix éprises de la plus abjecte des terreurs. Au moins, se disait l'homme à la barre de l'embarcation, le tonnerre des canons s'était tu. Leurs assaillants avaient abandonnés leur poursuite lorsque le capitaine avait changé de cap et avait dirigé la Danseuse de l'Aurore vers ces eaux peu profondes. Il était triste que le capitaine ne puisse pas observer les fruits de cette brillante maneuvre ; il reposait là, à ses pieds, son regard fixe sa peau livide, son visage tordu dans un ultime rictus de défis. Le trou noir au centre de sa poitrine avait depuis longtemps cessé de saigner et aucune trace de sang ne tachait le pont du navire dû à la pluie qui le martelait, lui et les quelques survivants de la bataille.
Un éclair déchira le ciel, ramenant l'attention du pilote sur le présent, sur leur fuite désespéré. Il maneuvrait habilement entre les rochers acérés, les cruels récifs de la côte Ouest de Kalimdor, mais il ne pouvait secoué un sentiment d'intense appréhension, une intime terreur qui lui sussurait ses pires craintes à son esprit fièvreux. Le coup de tonnerre qui accompagna la foudre fut assourdissant et fit gémir de peur quelques uns des matelots et marins survivants. Bon nombre d'entre eux étaient blessés. Certains ne verraient pas l'aube, ni le port d'Auberdine où, du moins il l'espérait, ils se dirigeaient.
Puis, comme le réveil après un long et douloureux cauchemar, une faible lueur pâle, froide, lunaire perça le voile de brumes qui les étoufait depuis des heures déjà. Quelques cris de joie fusèrent du pont inférieur et, pendant un bref instant le pilote se permit d'espérer une fin à ce calvaire.
Malheureusement, le spectacle qui s'offrit aux survivants leur déroba toute joie, tout espoir. Devant eux se trouvait le navire qu'ils avaient fui après lui avoir livré une âpre et cruelle bataille. Le même pavillon noir, la même coque écarlate, les mêmes voiles d'allure vaporeuse et surtout, le même équipage sauvage et sanguinaire animé par une haine sans borne et un appétit insatiable pour le carnage. Plonger votre regard dans les yeux de ces flibustiers s'était tomber tête première dans les Abysses les plus sinistres de l'âme humaine, là où se terrent folie, démence et rage.
L'homme à la barre poussa un grognement désespérer et tira sur la roue de toutes ses forces, dirigeant le navire à babord dans l'espoir, aussi vain fut-il, d'éviter le pire de la rafale qui allait s'abattre sur eux.
Il y eu le tonnerre encore une fois. Encore une dernière fois. Les cris d'horreur et de désespoir de l'équipage s'élevèrent une fois de plus. Puis, une explosion de douleur et la sensation que la terre se dérobait sous ses pieds.
Finalement, il y eu la plongée. Le pilote senti l'eau autour de lui. Une masse huileuse qui pénétrait chaque parcelle de son être, inspirant peur, rage, horreur et folie. Il poussa un dernier cris d'impuissance et ses poumons se remplirent d'un torrent glacial
L'homme se réveilla en sursaut, couvert de sueur, mais pas celle qui coulait si abondemment sur le Cap de Stranglehorn. Celle-ci était froide et trahissait la nature du songe dont il venait de s'éveiller.
Il y eu un bruissement dans la pénombre de la pièce où il se trouvait. Instinctivement, il chercha son arme, mais sa poigne se relâcha en voyant le visage sévère, mais amical de l'orc qui venait de passer la tête par le rideau qui isolait sa cabine.
- On est arrivé, grogna-t-il avant de sortir de la pièce.
La suite, plus tard aujourd'hui | |
| | | Krieger
Nombre de messages : 7 Age : 43 Localisation : Rimouski pour le moment Date d'inscription : 05/07/2007
| Sujet: Au coeur de la Tempête : Chapitre II Mar 17 Juil - 5:35 | |
| Le Cap de Stranglehorn, Booty Bay. Il y a quelques jours
Un seul violon était incapable d'enterrer le vacarme de la tempête qui sévissait à l'extérieur de la taverne de l'auberge de Booty Bay. En fait, l'orchestre royal de Stormwind accompagné de la chorale de la Grande Cathédrale de la Sainte Lumière auraient à peine suffit à camoufler tout le boucan de la tempête. Cela n'empêchait pourtant pas le jeune et nerveux ménestrel en concert ce soir-là d'essayer tout de même.
À l'extérieur, la situation aurait paru, pour le commun des mortels, infernales. En effet, tous les éléments semblaient se déchaîner sur la cité portuaire ; le vent soufflait avec une force exceptionnelle, arrachant à chaque bourasque une poignée de tuiles recouvrant les plafonds des demeures et commerces de la ville. Une pluie diluvienne s'abattait sans répis depuis des heures maintenant et transformait les promenades de bois en véritables patinoires et le martellement des gouttes sur les carreaux était tout simplement assourdissant. Pour les habitants de Booty Bay pourtant, toute cette nature enragée n'était guère impressionante. En fait, dans presque toutes les demeures de la ville ce soir-là, quelqu'un avait prononcé ces mêmes paroles : "Vous appelez ÇA une tempête ? J'en ai vu des bien pires que ça !" Cette phrase était généralement suivie d'une liste plus ou moins longue des plus violentes tempêtes tropicales endurées par l'individu.
Pourtant, malgré l'attitude blasée des citoyens, tous auraient cru rêver en voyant la figure solitaire marchant lentement le long des ponts trempés au coeur de la tourmente. Il portait ce qui semblait être un lourd manteau de cuir et de hautes bottes noires. Sa courte chevelure était violemment agitée par le souffle du vent et son seul oeil fixait droit devant lui, à moitié fermé afin de se protéger du fouettement sauvage et constant de la pluie.
Il fit son chemin jusqu'à la porte de l'auberge, s'arrêta un bref instant pour observer le balancement incessant de la pancarte portant le nom de l'établissement. Puis, il poussa le lourd battant de la porte et pénétra dans la grande salle commune.
Aucun des clients ne se retourna ou ne lui porta plus qu'une attention distraite alors qu'il faisait son chemin au travers de la pièce. Il prit place au comptoir et l'aubergiste, un gobelin d'une taille (pour ne pas dire d'une obésité) impressionante, tourna un regard hagard et vaguement exaspéré vers lui. De sa voix grinçante, il s'exclama : "Pas d'arme dans mon établissement, voyageur." L'étranger retira son épée et la tendit au tenancier. "TOUTES les armes, mon gaillard" ajouta ce dernier avec un sourire à la fois mesquin et complice. L'étranger haussa les épaules et se défit des deux dagues cachées sur sa personne. Il s'apprêtait à lui tendre son bouclier, mais le gobelin leva les bras et lui expliqua que ce n'était pas nécessaire, que ce n'était pas une arme. L'étranger gloussa, puis rangea son bouclier à ses côtés. Il jeta un coup d'oeil rapide à l'ardoise accrochée au mur sur laquelle était inscrite la totalité du menu. Il fit savoir son choix à l'aubergiste, puis, satisfait, il posa son regard sur la foule assemblée dans la grande salle commune de l'établissement et l'observa attentivement pour la première fois depuis son entrée en ces lieux.
On ne pouvait pas dire qu'il y avait foule ce soir ; une douzaine de clients tout au plus occupaient l'espace. La majorité d'entre eux se trouvait au rez-de-chaussée et une poignée se cantonait au balcon. Il y avait un bon mélange racial par contre ; l'étranger dénombra au moins deux elfes de la nuit, un elfe de sang, une pleine tablée de nain et deux taurens. Tous discutaient à voix basse, le nez dans leur verre, jetant par moment des regards furtifs autour d'eux. Dans un coin, perché sur un banc, une jeune troubadourd tentait, vainement lui parût-il, d'animer la soirée. Malgré son enthousiasme évident (et un peu forcé remarqua-t-il), ses efforts demeuraient pure perte vu l'ambiance morne de la clientèle.
Le voyageur se retourna lorsqu'il entendit le son d'une choppe déposée sur le comptoir derrière lui. Il tendit une pièce à l'aubergiste, se saisit de son breuvage, but une gorgée et reprit son observation des lieux.
N'eût été de son oeil gauche manquant, il aurait remarqué la serveuse qui se dirigeait vers lui plus rapidement. Il ne la vit que lorsque celle-ci se tint face à lui.
- Désolé de vous dérangez, messire, débuta-t-elle, mais on m'a chargé de vous remettre ceci.
Elle lui tendit un bout de papier jaunit et on aurait dit taché par des doigts graisseux.
- Qui ? s'enquérit simplement l'étranger.
La jeune femme pointa vers le fond de la pièce, vers une table à banquette près du mur, à sa gauche. Le voyageur la remercia d'un signe de tête avant de déplier la missive.
Son visage se tordit légèrement à la vue de l'inscription simple tracée au charbon sur le papier. Comment se pouvait-il qu'il en existe d'autres ? Pourquoi ici et surtout, pourquoi maintenant ? Il chiffonna le message et le mit dans une de ses poches, se redressa en saisissant son paquetage et sortit en trombe de l'auberge.
Il n'avait pas fait deux pas à l'extérieur, qu'un homme masqué jaillit à sa gauche, le frappant violemment à la machoire. L'étranger fut projeté au sol et le bois de la promenade gémit fortement suite à la force de l'impact. Bien vite, deux autres figures masquées sortirent de l'ombre environnante et se disposèrent autour de lui. Son premier assaillant s'avança légèrement avant de retirer le foulard qui camouflait le bas de son visage.
- Not' patron t'envoie ses plus sincères salutations, mec, grogna-t-il entre ses dents pourries avant d'expédier un coup de pied dans l'estomac du voyageur.
Ce dernier encaissa le coup stoïquement, puis roula sur son dos avant de flanquer un coup de pied au genou d'un des deux autres brigands. Ce dernier s'affala sur son flanc, gémissant de douleur en tenant sa jambe. Surpris, le premier assaillant n'eût pas le temps de réagir lorsque l'étranger se releva. Son confrère fut plus rapide et tira un long couteau de sa ceinture. Il se lança à l'assaut avec fureur, mais sa lame fut déviée par le bouclier de son adversaire. Il passa à côté de ce dernier, emporté par son élan et fut cueillit au bas de la nuque par la tranche du bouclier. Son cou émit un faible craquement mouillé lorsqu'il céda, mais personne ne le remarqua au dessus du bruit du vent et de la pluie.
Entre temps, le premier assaillant avait repris ses esprits et se lança à l'attaque. La lame de son épée lacéra à plusieurs reprises le dos de son adversaire, mais elle ne mordit pas la chair. L'étranger se retourna vers lui en un mouvement fluide et lui asséna un puissant coup sous le menton, puis le poussa dans l'eau d'un second coup de bouclier. Sa forme noire disparue rapidement dans les flots agités du port.
Finalement, il reporta son attention sur la forme gémissante prostrée un peu plus loin sur la promenade. Il s'avança vers elle, le visage vidé de toute émotion.
La suite à venir ... | |
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